Bien dans mes baskets

En 2000, un travailleur social passionné de basketball, Martin Dusseault, jette les bases de Bien dans mes baskets, un projet novateur visant le développement d’habiletés sociales et scolaires auprès d’adolescents présentant de multiples facteurs de risque de décrochage scolaire et de délinquance à l’École secondaire Jeanne-Mance.

En collaboration avec divers partenaires du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL), il développe un programme de prévention et de développement psychosocial qui utilise la pratique du basketball parascolaire comme outil d’intervention, puis d’autres activités sportives y seront ajoutées telles que le futsal, l’ultimate frisbee, le yoga et le tabata. 

Cette intégration inusitée des services psychosociaux en milieu scolaire s’avère des plus efficaces et permet de rejoindre une clientèle réputée difficile et pour qui le réseau peine à trouver des solutions susceptibles de favoriser la persévérance scolaire.

Mission de Bien dans mes baskets

  • Prévenir le décrochage scolaire et la délinquance des jeunes présentant des facteurs de risque
  • Favoriser l’intégration sociale et le développement psychosocial par l’entremise du sport d’équipe
  • Encourager le développement et l’adoption de saines habitudes de vie

Au coeur du territoire le plus défavorisé socialement au Québec

Ce programme Bien dans mes baskets se déroule au cœur du territoire du Centre-Sud de Montréal, le plus défavorisé socialement au Québec, ce qui a pour effet d’engendrer diverses problématiques ou besoins. 

Depuis quelques années, une augmentation importante de la clientèle du programme et une diversification des problématiques spécifiques vécues par les jeunes sont observées. Le sport est utilisé comme un outil pour maintenir le jeune à l’école et pour intervenir sur le plan des difficultés scolaires et sociales.

Le défi : rejoindre ces adolescents avant qu’ils ne décrochent totalement.

Des résultats spectaculaires

Lors de la dernière décennie, 96 % des athlètes-étudiants qui ont terminé dans Bien dans mes baskets ont poursuivi leurs études. Ces données sont plus que satisfaisantes considérant que le taux de décrochage scolaire à Montréal est de 16,3 % tandis que le taux de diplomation chez les élèves en situation d’handicap et des élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) au Québec est de seulement 31 %.

Je veux vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi, de m’avoir aidé avec mes petits problèmes. Votre méthode d’intervention est vraiment extraordinaire et vous êtes d’excellentes personnes. Une partie de mes réussites seront grâce à vous et à vos enseignements. Merci beaucoup!

Trois volets et portraits des cohortes

École secondaire Jeanne-Mance

Le programme est ouvert à tous et toutes mais il est conçu spécialement pour les jeunes à risque de vivre des problèmes sociaux ou à risque de décrochage scolaire ou social. Les jeunes impliqués sont volontaires, mais généralement ciblés et référés par le personnel scolaire ainsi que par les professionnels des services sociaux du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Les élèves inscrit.e.s à Bien dans mes baskets ne présentent généralement pas le profil des jeunes qui consultent les établissements de santé et de services sociaux. D’année en année, environ 40 % des élèves participant au programme ont une cote d’identification scolaire EHDAA (élèves handicapés et élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage). Cette désignation est attribuée professionnellement à des élèves qui ont des besoins spéciaux et qui sont plus à risque de décrochage scolaire ou social.

  • En 2023-24, 85 % des participants au programme sont issus de l’immigration de première ou deuxième génération ou proviennent de divers groupes racisés
  • Ils sont souvent marqués par les ruptures et des parcours migratoires complexes
  • 41 % des participants avaient un échec dans au moins une discipline et de ce nombre, 22% en avaient dans au moins deux disciplines.
  • Traditionnellement, les jeunes sont en manque d’accompagnement et de modèles positifs
  • Ils ont souvent un accès assez facile au monde criminel

Le passage primaire-secondaire est une étape déterminante de la persévérance scolaire chez les jeunes. Un projet a été développé dans huit écoles primaires situées dans les quartiers du Centre-Sud et du Plateau Mont-Royal. De 110 à 120 jeunes participent au programme chaque année.
Les caractéristiques citées précédemment chez les jeunes sont également représentées chez bien des jeunes participants.
Le volet Mini-Dragons a été construit à partir de données probantes sur le sujet de la persévérance scolaire.

Participer au programme permet à ces jeunes :

  • De vivre de belles réussites à travers le sport
  • D’améliorer leur condition physique
  • De développer des compétences sociales et de saines habitudes de vie

 

Pour certains élèves, c’est aussi une porte d’entrée vers le programme BDMB au secondaire. Chaque groupe pratique dans son école primaire une fois par semaine pour une période d’une heure et l’ensemble des écoles impliquées se rencontrent les samedis matin à l’école secondaire Jeanne-Mance pour une période de trois heures pour des activités sportives et éducatives. Fait intéressant, le projet implique également 10 étudiants-athlètes du programme Bien dans mes baskets qui agissent comme entraîneurs bénévoles auprès des jeunes de ces écoles. Un travailleur social et un entraîneur-cadre supervisent le projet et la formation des entraîneurs/athlètes.

Pour la clientèle des jeunes nouveaux arrivants, le programme, implanté en 2020 en pleine pandémie, utilise aussi le sport afin de créer des liens de confiance. L’intégration sociale et scolaire des migrants récents et la persévérance scolaire de nos jeunes, deux enjeux majeurs au Québec, nous amènent à redéfinir nos moyens et offres de services institutionnels. L’école, dont la mission principale s’articule autour de ces trois axes : instruire, socialiser et qualifier, ne peut remplir celle-ci sans offrir un espace propice à une relative sérénité et à la réussite scolaire.
Or, dans les centres de formation pour jeunes adultes (de 16 à 21 ans), il semble difficile de mettre en place l’axe de la socialisation vu le peu de personnes-ressources formées pour intervenir dans les réalités psychosociales complexes vécues par leurs étudiants. En effet, chez les étudiants issus de milieux défavorisés et d’une immigration récente, divers facteurs sociaux risquent d’affecter le parcours scolaire : pauvreté, difficultés d’intégration sociale, d’apprentissage et de comportement, deuils liés à l’immigration, santé mentale fragile résultant d’expériences stressantes, violence familiale, conflits identitaires et carences alimentaires.

Les principales natures des demandes de suivis ont été, en ordre d’importance :

  • La santé mentale (trauma, deuil, détresse émotive)
  • L’adaptation à la société d’accueil (connaissance des droits en matière d’immigration, de logement, de services de santé et références ou accompagnements vers d’autres ressources)
  • La démotivation scolaire et les conflits familiaux

 

En plus, les multiples références se font vers divers endroits, que ce soit des services spécialisés en aide aux immigrants, en aide juridique et en défense des droits. Une autre portion importante des références a eu comme objectif de soutenir les jeunes au niveau de leur santé mentale et physique. Également, plusieurs situations ont été dirigées vers des services d’urgence en logement et/ou pour de l’aide alimentaire.